Comment on transpire pour arroser ses plantes

Lorsque l’on a chaud, notre corps transpire en cherchant à réguler sa température et à se refroidir. Les pores de notre peau laissent alors s’échapper l’eau qui, en s’évaporant, abaisse la température de notre peau et celles de notre sang.

Avec les plantes on serait tenté de fonctionner par analogie. Mais bien qu’elles transpirent « comme nous », ce n’est pas dans le but principal de réguler leur température.

Transpirer pour « respirer »

Dans le cas des plantes, on parle d’évapotranspiration. Elle intervient lorsque les plantes ouvrent les pores de leur peau (les stomates) à travers lesquelles s’évapore l’eau contenue dans les tissus.

Mais alors pourquoi « évapo-transpirer » si ce n’est pas pour réguler leur température ?

Nous perdons tous l’eau de notre corps par échange direct avec l’air lorsque l’on transpire ou simplement en respirant.

Chez les plantes c’est deux en un.

Les stomates situés sur la surface inférieure des feuilles sont à la fois les pores mais aussi les poumons des plantes. Leur ouverture permet à la plante de capter le CO2 qu’elle utilise pour la photosynthèse mais aussi de relâcher l’oxygène qu’elle produit.

Transpirer pour se nourrir

Evapotranspiration des plantes

Lorsque la plante « transpire », l’eau qui s’évapore des stomates est remplacée presque aussitôt par une eau toute neuve. Cette eau toute neuve remonte du sol à travers les racines puis le corps de la plante.

On peut faire le parallèle entre l’eau qui remonte des racines de la plante et notre sang. Les plantes n’ont pas une grosse pompe mécanique comme notre cœur pour activer la circulation de leur corps.

 

La circulation de leur « sang » est assurée grâce à une différence de pression entre le haut de la plante et les racines.

Notre coeur pompe notre sang qui transporte l’oxygène vers nos organes mais aussi le glucose et l’ensemble des nutriments.

La circulation de l’eau est aussi importante pour les plantes. Elle a pour utilité de permette le transport des éléments nutritifs du sol jusque dans la plante et des feuilles jusqu’au reste de la plante (tige, racines).

Je transpire quand j’ai chaud ! Et la plante elle ?

La transpiration des plantes varie en fonction de l’ensoleillement, de l’humidité de l’air et du sol, de la vitesse du vent et selon la composition du sol et sa richesse.

La transpiration de la plante diminue lorsque :

      • Le sol s’assèche en dessous d’un certain seuil qui varie selon les espèces (on en parle après),
      • La luminosité faiblit durant la nuit,
      • La concentration en CO2 de l’air augmente,

La plante transpire davantage lorsque :

      • L’air est plus sec et favorise l’échange d’eau avec les feuilles,
      • Le vent et les mouvements d’air auxquels sont soumises les feuilles sont plus importants,
      • La température ambiante augmente mais jusqu’à une limite de 20 à 30 degrés selon les espèces. Au-delà de cette limite, les pores se fermeront pour éviter le dessèchement.

Ces variations de l’évapotranspiration des plantes sont liées à l’ouverture des pores de la plante (les stomates).

Entre la plante et moi, qui transpire le plus ?

Un peu mégalo comme question ! C’est comme se demander qui, d’une fourmi, d’un homme ou d’une baleine a le plus de force.

La quantité d’eau transpirée par une plante dépend du taux d’ouverture de ses pores et plus ils sont nombreux, plus la transpiration est intense.

Selon le végétal, les pertes d’eau liées à la transpiration peuvent atteindre plusieurs dizaines de litres, voire des centaines de litres en une journée.

Mais encore une fois, tout dépend de la taille. Pour donner un ordre de grandeur plus parlant, la perte journalière en eau d’une plante représente jusqu’à 5 fois son poids. Pour compenser cette perte, les plantes puisent l’eau du sol.

Les animaux eux se déshydratent en transpirant mais aussi de bien d’autres manières. Pour compenser cette déshydratation, ils consomment environ le vingtième de leur poids en eau chaque jour. Pour une personne de 65 kg ça représente un peu plus de 3 litres d’eau contenus dans la nourriture et les boissons.

On n’est pas tout à fait proche du chiffre de 1,5 litres d’eau que l’on retrouve assez souvent. Mais qu’est-ce qu’il se passe quand on absorbe trop d’eau ?

Elle ne pleure pas c’est sa « pression sanguine » !

Vous n’avez jamais remarqué de petites gouttes perler au bout des feuilles d’une plante ? Ces gouttes apparaissent la plupart du temps lorsque que vous venez d’arroser.

Je ne sais pas si c’est une expression de tristesse mais c’est sans aucun doute le signe d’un excès d’eau qui déséquilibre la « pression sanguine » de la plante.

La circulation dans la plante repose sur un équilibre entre ce qui entre par les racines et ce qui sort au niveau des feuilles. Lorsque l’humidité ambiante de l’air est trop importante, l’évaporation de l’eau à la surface des feuilles est moins intense. L’augmentation de l’humidité ralentit la transpiration qui est alors insuffisante.

A ce moment l’équilibre est rompu. Les racines continues de pousser l’eau qui n’est plus évacuée par la transpiration et la pression racinaire augmente.

Comme pour nous, une augmentation de la pression « artérielle » n’est pas conseillée chez la plante. Elle enclenche alors la guttation, qui est un mécanisme de sécurité qui lui permet d’exsuder à travers des stomates modifiés, l’excès d’eau pompé jusqu’aux feuilles.

Les gouttes de liquide qui perlent sont en fait de la sève brute qui contient des sucres, des sels minéraux et des acides aminés.

Mais au contraire si je transpire en plein désert ?

Si vous vous retrouvez en plein soleil par plus de 35 degrés et sans eau, est-ce que vous préférez courir un sprint ou plutôt limiter les efforts en attendant de trouver un coin d’ombre ?

Par temps sec, de nombreuses espèces de plantes réagissent au manque d’eau et aux fortes chaleurs par la fermeture de leurs pores pour éviter de se dessécher. C’est un autre mécanisme de sécurité qui est à l’inverse de la guttation. Il sert à limiter les pertes d’eau car elles ne pourront être contrebalancées par son absorption au niveau des racines.

A ce moment, la plante est en état de stress hydrique. La fermeture des pores a pour effet de  ralentir la  circulation dans ses « artères » ainsi que sa croissance.

Dans tous les cas, à l’œil nu ou avec une loupe, essayez de voir les pores de la plante se fermer. Moi je n’y vois pas grand-chose ! Par contre, en prenant quelques minutes dans la semaine vous pourrez observer si une plante ne pousse plus ou se dessèche. Vous pouvez aussi en profiter pour toucher le sol en y glissant votre doigt jusqu’à la deuxième phalange. Vous devriez sentir la différence d’humidité avec la surface, sinon une petite hydratation pourrait être une bonne idée.

Comme quand vous faites connaissance avec un nouveau collègue, un nouveau colloc ou un voisin, il va falloir apprendre à connaître vos plantes.

Si la colloc c’est du nouveau pour vous, les plantes grasses peuvent être idéales pour commencer à vous sociabiliser ! Dans le cas des plantes « grasses » ou succulentes, la transpiration est réduite au minimum grâce à un épiderme plus épais.

Elles résistent mieux à l’absence d’eau mais sans abus. Ça se saurait si les chameaux ne buvaient pas !

Certaines succulentes font aussi tout l’inverse des autres plantes en ouvrant leurs stomates durant la nuit. A la belle étoile l’évapotranspiration est réduite car l’air est plus frais, ce qui limite l’évaporation de l’eau à la surface des feuilles.

Est-ce que je transpire dans l’eau ?

Sous la douche

Un excès d’eau peut asphyxier les plantes terrestres dont les racines ont aussi besoin d’oxygène. Mais comment font les plantes aquatiques ?

Certaines plantes aquatiques sont plus du type « douche » et ont juste les pieds dans l’eau. Celles-ci transpirent comme celles qui ont les pieds au sec mais la respiration de leurs racines est assurée essentiellement grâce à l’oxygène envoyé depuis les parties émergées.

Ou en nageant

On ne transpire pas quand on nage, ou très peu. La quantité d’eau perdue par un nageur à l’entrainement est de quelques millilitres en comparaison avec un sprinteur qui peut s’alléger de plus d’un litre en pleine séance.

Les plantes aquatiques totalement immergées ont poussé le vice un peu plus loin. Elles ne transpirent pas du tout car elles n’ont pas de pores au niveau de leurs feuilles. Sous l’eau, ces plantes absorbent directement l’oxygène, le CO2 et les nutriments à travers la fine peau des feuilles.

Ça peut vous donner des idées mais si vous êtes plutôt quelqu’un de tactile ça risque d’être frustrant !

Pas évident de se sociabiliser sous l’eau !

Petite astuce

Astuce de survivaliste ! Si vous vous perdez en forêt sans eau et à défaut d’une bonne averse, croisez les doigts pour avoir des sacs plastiques sur vous. En dernier recours vous pouvez envelopper un bouquet de plantes avec et le fermer autour des tiges ou des branches pour recueillir l’eau rejetée par l’évapotranspiration. Attention aux plantes toxiques !

Petite anecdote

En se penchant pour observer de plus près la transpiration des plantes, quelques chercheurs du MIT (Massachusetts Institute of Technology) ont développé un « maquillage » pour les plantes. Le « maquillage » en question est en fait une encre qui contient des nanotubes permettant de détecter l’ouverture et la fermeture des pores (stomates) d’une plante. L’objectif à terme est de limiter les risques de stress hydrique en agriculture.

Alors bonne ou mauvaise idée ce maquillage antistress ?

 

J’espère que vous voyez les plantes d’un autre œil maintenant ! Et peut-être que vous penserez à vos plantes quand vous transpirerez !

N’oubliez pas d’observer, de toucher et de laisser vos commentaires pour partager votre avis et enrichir notre vision commune !

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